J’ai été informé d’un concours à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard ayant lieu dans le cadre d’un colloque. Un groupe d’étudiants et de professeurs ont embarqué dans un van et ont quitté l’Université Dalhousie à l’aube pour arriver à l’UPEI à midi où les étudiants et moi avons écrit l’examen du concours (qui perdure après 40 ans! ) Après l’examen, j’ai assisté à mon premier colloque mathématique… et ai acquis un goût pour les évènements de ce type. Trois ans plus tard, j’ai présenté ma première communication dans un colloque. Compte tenu de l’effet formatif du concours sur moi, j’étais content de pouvoir le tenir encore cette année malgré les restrictions de la COVID-19. L’octobre n’aurait pas été le même sans lui.
Nous avons réussi à organiser des versions raisonnables dudit concours, du concours de programmation, des réunions d’affaires, des trois conférences plénières (sur les mathématiques, les statistiques et l’informatique). Malgré l’impact de la pandémie sur le taux de participation des étudiant.e.s aux projets de recherche estivaux, nous avons eu 20 exposés des étudiant.e.s du premier cycle ─ dont la plupart étaient merveilleusement professionnels ─ et une demi-douzaine de communications présentées par les étudiant.e.s des cycles supérieurs. Une conférence plénière et quelques exposés des étudiant.e.s abordaient justement la pandémie; D’autres communications portaient, entre autres, sur l’algèbre, l’intelligence artificielle, l’astrophysique. (Cette année aussi, les apprenti.e.s théoricien.ne.s des graphes ont eu l’occasion de développer leurs compétences en jeux de flics et voleurs ─ tout autant que leurs aptitudes en de traditions locales telles que le violon, la pêche et le brouillard). Autrement dit, on a eu des moments de normalité au milieu d’une année bien étrange.
L’organisation de l’évènement fut agréablement et étonnamment facile: aucune réservation d’hôtel ni de billet d’avion; aucuns frais de restauration ni de salles de conférence. Notre budget était inférieur à mille dollars et il nous restait encore de l’argent à la fin : le logiciel Zoom a très bien fonctionné et nous n’avons pas l’occasion de toucher au petit fonds d’urgence pour le remplacement des logiciels non fonctionnels. (En fait, nous n’avions pas de craindre la défaillance technique, mais ce fonds nous a permis de dormir tranquilles dans les jours précédant le colloque). Avec peu de dépenses, il n’y avait aucune collecte de fonds, aucuns frais d’inscriptions, ni aucun besoin des comptes créés à cette fin. Bref, il n’y avait pas de paperasse financière, et ce, malgré la participation de 150 personnes.
Nous n’avons pas organisé des activités sociales : il aurait été bien d’avoir un logiciel qui nous permettait de nous réunir en petits groupes lors des « pauses cafés » (en libre service!) et de jaser en nous déplaçant de groupe en groupe. Un tel logiciel doit sûrement exister (quelqu’un avait même suggéré, en plaisantant, d’organiser un grand jeu de vidéo avec tou.te.s les participant.e.s), mais nous avions déjà franchi notre limite collective avec cette réunion. C’était la seule chose qui manquait.
Ob pourrait penser à tort que les communications, et les réunions d’affaires ici et là, constituent les éléments les plus importants d’une réunion. Mais les textes des communications se retrouvent sur arXiv pour que chacun.e puisse les lire en son temps libre. Oui, bien sûr — et un être humain se compose de soixante-cinq pour cent d’oxygène, de dix-huit pour cent de carbone, de dix pour cent d’hydrogène et un peu de ceci et de cela. Or des discussions autour d’un café, de longues conversations autour d’un repas et l’occasion de vivre, quoique pour quelques jours seulement, un monde centré sur les mathématiques, ce sont tout aussi importants. Je ne pense pas que les réunions sur Zoom disparaîtront une fois que la vie normale reprend son cours ( et elle le fera ) ─ elles sont très pratiques, mais elles seront utilisées pour les séminaires plutôt que pour les conférences.
Nous verrons !