Nous devions nous réunir cet été à Ottawa et célébrer le 75e anniversaire de la création de la Société mathématique du Canada. Le taux d’inscriptions hâtives et la quantité et qualité des séances proposées annonçaient le plus grand rassemblement de mathématiciennes et mathématiciens canadiens dans l’histoire de la Société. Nous étions fiers et prêts à nous vanter de réalisations de notre Société depuis le temps des fondateurs jusqu’à nos jours. De nombreux prix ont été préparés pour récompenser un grand nombre de mathématiciennes et mathématiciens canadiens pour leurs réalisations scientifiques, éducatives et administratives dans les domaines différents et au sein de la Société. Or tout d’un coup, le monde entier a été bouleversé par une nouvelle réalité : un virus inconnu qui fut nommé COVID-19. D’une certaine façon, ce virus a mis un terme à nos vies quotidiennes et régulières! La quarantaine, qui, jusque-là, était simplement un mot abstrait dans le dictionnaire, est devenue désormais notre devoir civique. En effet, nous sommes toujours aux prises avec les conséquences de la pandémie mondiale.
Au cours de ses 75 années d’activités, la SMC a eu son lot des hauts et des bas. Il semble toutefois que c’est à un âge mûr qu’elle se retrouve confrontée au plus grand défi de son histoire. Comme de nombreuses autres organisations, la SMC a dû, elle aussi, s’adapter à la nouvelle réalité et changer ses programmations et ses activités. La première de ces changements a été le report de la Réunion du 75e anniversaire de la SMC. Ce fut une décision très difficile pour deux raisons. Premièrement, les directeurs et directrices scientifiques et les organisateurs et organisatrices de session tout comme le personnel de la SMC avaient consacré beaucoup de temps et d’énergie pour s’assurer que la Réunion soit à la hauteur du 75e anniversaire d’une Société aussi prestigieuse que la nôtre. Deuxièmement, ce report a laissé un impact financier considérable sur la Société. Cela nous n’a toutefois pas empêché de continuer nos efforts pour planifier des évènements et des activités et organiser une Réunion mémorable pour le 75e+1 anniversaire de la SMC en été 2021.
La COVID-19 a aussi eu un impact sur les revenus que tire la Société de ses revues. Le Comité de publication discute en ce moment de plusieurs options. La conception d’une revue en ligne en libre accès, la création d’une nouvelle revue et l’auto publication des revues actuelles de la SMC en sont quelques-unes. La SMC invite les membres qui connaissent bien l’industrie de la publication, son infrastructure, ses aspects matériels et les logiciels nécessaires, à nous faire part de leurs conseils et de leurs recommandations.
Malgré les défis que je viens d’énumérer et les moments difficiles, il se passe des activités positives et encourageantes au sein de la SMC. La SMC a transformé une situation peu désirable en une occasion pour mieux se connecter avec les enseignantes et enseignants, les élèves et les étudiantes et étudiants, être à l’écoute de leurs besoins éducatifs et élargir ses programmes. Le confinement a forcé les élèves à rester dans les confins de leur chez-soi et a réduit leur contact avec leurs pairs et leurs éducateurs et éducatrices. Les parents, qui sont déjà chargés de plusieurs responsabilités doivent maintenant assumer l’éducation de leurs enfants; la plupart ne maîtrisent pas assez les mathématiques pour l’enseigner à leurs jeunes. De même, les enseignantes et enseignants de mathématiques se voient confrontés à la nouvelle réalité de l’enseignement et du mentorat à distance et à la myriade d’incertitudes que cela impliquerait. La SMC a essayé de fournir des problèmes mathématiques et de la matière pédagogique sur ses pages des médias sociaux et a travaillé dur en coulisses pour organiser deux évènements principaux. Bien que le matériel et le conseil pédagogiques se trouvent en abondance sur Internet, les éducateurs et éducatrices cherchent plutôt des moyens de se connecter et de discuter de différentes stratégies d’enseignement pendant la pandémie. La Société et ses membres-bénévoles, dont un grand nombre sont eux-mêmes et elles-mêmes éducateurs et éducatrices qui éprouvent la même anxiété face à la nouvelle situation, ont organisé la toute première Réunion virtuelle de la SMC, axée sur l’éducation et la recherche pendant la pandémie. De plus, alors que l’enseignement des mathématiques en ligne était la source de bien d’inquiétudes, les diagrammes et graphiques mathématiques dictent, ces jours-ci, la politique publique quant à la santé et l’économie. Tout d’un coup, les mathématiques sont devenues importantes pour les médias de masse et les mathématiciennes et mathématiciens doivent se préoccuper de la communication de leur message. La Réunion virtuelle de la SMC a offert une plateforme aux mathématiciennes et mathématiciens pour se réunir et discuter de tout cela et bien plus encore pendant quatre jours en juillet dernier. Pour beaucoup, cette rencontre était comme une bouffée d’air frais après des mois d’isolement et de confinement. Elle était tout aussi gratifiante pour le personnel et les organisateurs et organisatrices qui cherchaient des moyens de mieux servir la communauté mathématique en ces moments difficiles.
La deuxième activité axée sur l’éducation et organisée par la SMC pendant le confinement a été le lancement de son tout premier concours pour les élèves du primaire : le Concours mathématique canadien du geai gris (CMCG). Le CMCG est offert dans un format engageant et sur une plateforme en ligne et conviviale. Bien que ce dernier ait lieu en octobre, sa conception et le travail de préparation qu’il exige ont nécessité un effort colossal de la part du personnel et du Comité des concours de la SMC. Certes, l’annulation de certains programmes de la SMC en raison de la pandémie mondiale nous a beaucoup déçus. Or nous avons trouvé de nouvelles façons de servir la communauté. Cela n’aurait pas été possible sans le soutien de nos partenaires et commanditaires.
La deuxième activité axée sur l’éducation et organisée par la SMC pendant le confinement a été le lancement de son tout premier concours pour les élèves du primaire : le Concours mathématique canadien du geai gris (CMCG).
La SMC a aussi eu le temps pendant le confinement de mieux réfléchir sur les enjeux de la représentation et les meilleures façons d’inclure et d’engager une diversité de voix au sein de la communauté mathématique. En partenariat avec la Fondation RBC, la SMC a consacré un fonds pour accorder des dispenses de frais d’inscription aux 400 élèves noirs et autochtones participant au Défi ouvert canadien de mathématiques (DOCM) et au Concours mathématique canadien du geai gris (CMCG). Par cette initiative, nous espérons aider à reconnaître tous et toutes les élèves doués en mathématiques et à lever des obstacles socioéconomiques auxquels elles et ils sont confrontés dans leur trajectoire scolaire. De plus, la Société vient de créer deux nouveaux comités : le Comité de réconciliation et mathématique ainsi que le Comité de diversité et d’inclusion de la SMC, dont le mandat est de conceptualiser des programmes et des stratégies qui rendent notre communauté plus inclusive.
En ce moment critique, le bail de location du bureau de la SMC à Ottawa est sur le point d’expirer. À l’âge de 75 ans, la SMC n’a toujours pas sa propre maison! L’on espère avoir remboursé ses dettes et posséder un chez-soi stable à cet âge. Or ceci n’est pas le cas pour notre Société. Sans aucun doute, cette instabilité spatiale ne reflète pas le prestige et la gloire qu’inspire la Société. Nous traversons une période difficile et il peut paraître contradictoire de rompre avec 75 ans de tradition de location en achetant un immeuble que la communauté mathématique du Canada peut appeler son chez-soi. Mais les moments difficiles offrent parfois des opportunités singulières. D’une part, le prix immobilier est plutôt raisonnable et même inférieur aux prévisions du marché en ce moment. D’autre part, lorsque la vie normale se reprend, les prix augmenteront si bien que la Société ne sera pas en mesure de se payer un immeuble pendant des années. C’est pour ces raisons que je relance avec enthousiasme le projet d’achat de la Maison canadienne des mathématiques. Ce projet, selon moi, pourrait s’avancer en deux phases. Au cours de la première phase, nous obtiendrons une place permanente pour loger le bureau exécutif. Après 75 ans, la SMC mérite cette stabilité. Lors de la deuxième phase, la Maison canadienne des sciences mathématiques pourrait également héberger d’autres sociétés scientifiques canadiennes dont la mission est également la promotion et le soutien de différents aspects des sciences mathématiques, statistiques et actuarielles. Ce partage de résidence suscite une collaboration étroite entre différentes entités scientifiques qui, à son tour, se traduit en une meilleure société pour les Canadiennes et Canadiens.
Chers et chères collègues, c’est le moment de réaliser la première phase de ce projet! Nous devons travailler ensemble pour bâtir la Maison canadienne des mathématiques. Nous sommes nombreux et avec un grand répertoire de membres actifs d’un océan à l’autre. La SMC compte sur vos généreux dons pour démarrer ce projet. En effet, un seul donateur ou une seule donatrice suffirait pour acheter la maison sous son nom. Et si cela est trop ambitieux, plusieurs donateurs et donatrices peuvent partager cet honneur. Un comité ad hoc a été formé afin d’étudier la faisabilité de l’établissement de la Maison canadienne de mathématiques. Le comité vous invite à lui faire part de vos questions et vos commentaires concernant ce projet.