Moments marquants à la SMC

Article de couverture
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Article de couverture
Octobre 2023 (tome 55, no. 5)

Au début de mon mandat de vice-présidente (Québec) en juin dernier, je me suis mise à réfléchir aux nombreuses contributions de la Société mathématique du Canada à la communauté canadienne. Si vous lisez cet article, vous connaissez probablement déjà ses activités et initiatives dans de multiples domaines. Mais elle peut également toucher les membres et non-membres de bien d’autres façons. À cet égard, j’aimerais vous faire part de trois moments de ma carrière où la SMC m’a personnellement marquée.

J’ai obtenu mon doctorat à l’Université de Rochester sous la direction de Michael Gage, célèbre pour son travail innovateur concernant le flot de raccourcissement des courbes. Peu après, j’ai eu l’occasion d’assister à ma toute première Réunion d’hiver de la SMC, à l’Université Queen’s. Apparemment, cette chance m’est venue du fait que mon mentor ne pouvait s’y rendre, et qu’il m’a suggéré d’y aller à sa place. C’était mon premier voyage d’universitaire, et je m’en souviens parfaitement. J’ai atterri à l’aéroport Mirabel de Montréal, qui ne sert plus aux vols commerciaux (un clin d’œil historique pour la Montréalaise que je suis maintenant), et je me suis rendue en voiture à Kingston, en Ontario, le long du fleuve Saint-Laurent et des Mille-Îles. À part les conférences et exposés (qu’honnêtement, j’ai oubliés en grande partie), mon principal souvenir est l’émoi de rencontrer les auteurs d’articles dans mon domaine et la joie de pouvoir discuter avec eux. Cette Réunion m’a permis d’établir des liens qui allaient orienter ma carrière et, sans que je le sache à ce moment-là, j’y ai rencontré certains de mes collègues actuels de Montréal. Les mots décrivent bien mal ce que j’y ai vécu, mais disons que je me voyais accueillie dans la grande famille mathématique ou, du moins, j’en ai eu l’impression à l’époque.

Avant l’arrivée des outils de collaboration en ligne, les rencontres en personne favorisaient les rapports humains. Je crois que même de nos jours, ces échanges sont précieux, particulièrement pour les jeunes chercheurs et chercheuses. On oublie l’importance des rapports personnels et professionnels dans l’ensemble d’une carrière. Bien sûr, les rencontres de la SMC ont évolué depuis ma toute première Réunion, et elles offrent maintenant une gamme d’activités : mini-cours, ateliers d’orientation professionnelle, panels de discussion sur différents concepts mathématiques, séances pour les étudiants et j’en passe. Nous devrions vraiment encourager encore plus nos étudiants, actuels et anciens, à assister à nos rencontres.

Deux autres moments mémorables de ma carrière liés à la SMC sont survenus il y a six ou sept ans. J’ai pu participer à la création d’un programme hebdomadaire d’enrichissement en mathématiques pour les jeunes du primaire et du secondaire à Montréal, aux côtés d’une professeure incroyablement dévouée, Ildiko Pelczer. Vers les débuts du projet, la SMC a appuyé l’initiative en offrant l’une des Bourses du fonds de dotation (attention! un appel de candidatures vient tout juste de sortir!) qui a permis la création du Montreal Math Circle. Malgré son montant plutôt modeste, cette bourse a assuré au projet une visibilité lui garantissant la reconnaissance et l’obtention d’un financement ultérieur, grâce auquel il a pu survivre durant la pandémie et jusqu’à aujourd’hui.

En dernier lieu, au cours de mon affectation en tant que directrice scientifique à l’Institut des sciences mathématiques (ISM) du Québec, le financement de l’institut s’est trouvé menacé de réduction. L’ISM joue un rôle essentiel dans la coordination et le soutien financier des programmes de 2e et 3e cycle de sciences mathématiques du Québec. Il est aussi partenaire à parts égales du Centre de recherches mathématiques pour son programme postdoctoral en plus de coordonner diverses activités (colloques, conférences pour étudiants, cours d’été, sensibilisation). Près de 500 mathématiciens et mathématiciennes ont signé une lettre adressée au gouvernement provincial pour faire valoir la mission de l’institut. La présidente de la SMC à cette époque, Lia Bronsard, était l’une des signataires. Je suis heureuse de vous informer que l’ISM a bénéficié du renouvellement du financement, qui a même été augmenté par la suite.

Ces souvenirs ne donnent qu’une idée de l’incidence considérable qu’a la Société mathématique du Canada; puissent-elles vous inviter à entreprendre votre propre réflexion. C’est à travers nos expériences personnelles et collectives que nous saisissons l’apport de la SMC dans nos vies, l’importance de pouvoir compter sur elle et les raisons pour lesquelles nous devons lui accorder un soutien sans réserve.

Permettez-moi de terminer en revêtant ma cape de directrice scientifique pour la prochaine Réunion d’hiver de la SMC à Montréal et en vous invitant chaleureusement, de même que vos étudiants et postdoctorants, à vous joindre à nous en décembre. J’ose espérer que cette rencontre vous fera vivre des moments inoubliables et, qui sait, que quelqu’un parmi vous viendra les raconter. Et puis non, oubliez ça! En relisant l’ébauche du programme, je suis sûre qu’elle générera des souvenirs marquants que vous raconterez un jour, à votre tour.

Envoyer un courriel à l’auteur(e) : alina.stancu@concordia.ca
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