La SMC survivra-t-elle?

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Article de couverture
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Article de couverture
Février 2022 (tome 54, no. 1)

Javad Mashreghi's portrait

La crise de quarantaine frappe à nos portes, comme le nom l’indique, vers la quarantaine. Ses causes, explicites et implicites, sont souvent des préoccupations quant à l’insuffisance ou l’absence du revenu, la rupture dans le couple, la maladie, etc. La Société mathématique du Canada qui va bientôt avoir quatre-vingts ans fait face à une crise qui, compte tenu de la durée de vie des sociétés de même taille, pourrait être qualifiée de crise de quarantaine! Nous devons penser à la survie. Sinon, la SMC sera simplement une donnée statistique dans la roue géante de l’histoire. Ou bien la crise actuelle sera une autre évidence de la crise de quarantaine des sociétés scientifiques. Examinons ces problèmes de près afin d’en trouver des solutions concrètes.

Étant donné les temps étranges que nous vivons, il n’est pas surprenant que tous les doigts soient pointés vers les variantes de la COVID. Elles sont, après tout, responsables d’une pandémie mondiale. Il est donc tout naturel de les tenir également responsables de nos problèmes. Effectivement, il est vrai et, malheureusement, inévitable, que la COVID nous a privés d’une partie de nos revenus et est le principal coupable. On s’attend au pire encore. Or, nous devons être en même temps juste et prudent dans notre évaluation. Le virus n’est pas responsable de tous nos problèmes et tant que nous l’accusons d’avoir causé tous nos maux nous ne trouverons pas de véritables solutions à la crise devant nous. Une analyse approfondie de la structure financière de la SMC, de ses bric-à-brac, de ses projections, etc. nous incombe. J’aimerais d’abord reconnaitre l’aide du gouvernement fédéral au cours de deux dernières années. La SMC a pu bénéficier de plusieurs programmes d’aide offerts par le gouvernement pour atténuer l’impact de la pandémie. Sans ces aides généreux, la situation financière de la SMC aurait été entièrement différente.

Le prochain élément dans la liste est nos réunions. Depuis longtemps, la CMS a organisé deux réunions semi-annuelles; la réunion d’hivers tenue normalement dans les grandes villes canadiennes, et la réunion d’été dans d’autres régions du pays. En règle générale, les réunions d’hiver ont eu une plus grande participation. Ces deux évènements ont été essentiels pour les membres de la SMC et de la communauté mathématique en général. Actuellement, les réunions ont été impactées par une gamme de problèmes entrelacés, chacun nécessitant une évaluation approfondie.

Le premier de ses problèmes concerne la COVID. Depuis l’été dernier, nous organisons les réunions en ligne. Mais nous ne sommes pas les seuls à le faire. Depuis le début de 2020, on a vu apparaître un grand nombre de réunions en ligne partout dans le monde. Au début, c’était vu par la communauté comme une activité nouvelle et attrayante. Or, plus nous vivons avec la pandémie, plus nous nous lassons des activités en ligne. Les étudiant.es sont souvent absent.es des cours virtuels. Le taux de participation aux réunions virtuelles baisse. Notre dernière réunion virtuelle n’en était pas une exception. Naturellement, cela nous inquiète surtout pour notre prochaine réunion d’été.

D’une part, nous ne sommes plus certains de la durée de ces temps exceptionnels. Il est difficile et peut-être même imprudent d’offrir une prédiction. D’une autre part, même si tout reprend son cours normal, il me semble qu’il y a une volonté de part de la communauté de garder certains éléments virtuels en parallèle avec la composante présentielle. Dans les deux cas, que les réunions soient entièrement virtuelles ou hybrides, la SMC n’y tire aucun avantage financier et malgré leur importance au sein de la communauté, ces réunions commencent à devenir un fardeau financier qui pèse sur les épaules de la SMC.

La relation entre la SMC et les instituts mathématique est un autre point délicat qu’il faut soulever, analyser et « redéfinir ». L’émergence des instituts de recherche mathématique à travers le pays, offrant des programmes thématiques, des ateliers, des colloques internationaux hebdomadaires, etc. tout au long de l’année, remet en cause l’importance des réunions d’été et d’hiver de la SMC. Ce problème a déjà été mentionné par l’éminent ami de la SMC, le professeur Juris Steprans dans un article intitulé « Les Réunions de la SMC atteignent-elles leurs objectifs? » (Notes de la SMC, décembre 2018) Je crois que les instituts et la SMC doivent collaborer et coordonner leurs activités.

La SMC a proposé la formation du comité des instituts mathématiques et l’objectif est de représenter la vie mathématique au Canada à d’évènements internationaux importants tels que les Joint Mathematics Meetings (JMM), le Congrès international de mathématiciens (ICM), le Congrès européen de mathématiques (ECM), Mathematical Congress of the Americas (MCA), etc. Ce comité, qui n’est pas encore officiellement formé, tâchera de rassembler les représentant.es des instituts pour discuter de l’avenir des réunions mathématiques au Canada et des collaborations et responsabilités mutuelles.

La publication pose le plus grand problème à la SMC. D’une part, l’éditeur a projeté une baisse drastique du revenu pour la SMC. Comme d’habitude le blâme tombe sur la COVID et ses implications résultant à une baisse de revenus pour l’éditeur, ce qui se reflète directement dans les projections de revenus des clients, dont la SMC. De l’autre part, nous nous rapprochons de l’ère du libre accès. Dans trois ans, toutes les publications seront en libre accès. Cela ajoute d’autres couches de complexité au problème. Je crois fortement que c’est un problème que mes successeurs doivent prendre au sérieux. Si la SMC ne trouve un remède à ses problèmes de publication, je ne vois pas comment elle pourrait survivre.

Tous les membres des comités de la SMC sont des bénévoles. Au cours des 5 dernières années de mon implication au sein du comité exécutif, j’ai constaté que le comité des candidatures avait de la difficulté à remplir les postes vacants. Pire encore, la directrice générale de la SMC a dû assumer certains rôles du comité des candidatures à cause de la pénurie des bénévoles. L’absence des jeunes bénévoles, et la réticence des collègues plus établi.es à s’engager aux activités de la SMC est un grave problème. La SMC a une grande structure administrative et a dont besoins des mathématicien.nes dévoué.es dans tous les comités.

Enfin, cet article tâche de souligner quelques problèmes majeurs auxquels fait face la société. Cette liste n’est pas exhaustive. Il y a des problèmes que je n’ai pas encore abordés. Mais en somme, deux mesures importantes sont nécessaires : d’abord, d’examiner de près la situation actuelle pour repérer des problèmes existants. Et deuxièmement, afin de s’attaquer auxdits problèmes. Ce dernier nécessite une analyse et une mise en œuvre sérieuses. La SMC a besoin de votre aide. 

Envoyer un courriel à l’auteur(e) : president@cms.math.ca
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