Réflexions de la Présidente élue
En tant que nouvelle présidente élue, permettez-moi de poursuivre la tradition de me présenter à celles et ceux qui ne me connaissent pas et partager mes réflexions sur notre magnifique société mathématique.
J’ai grandi à Mississauga en Ontario et j’ai fréquenté une école catholique publique. Mon père, Joseph Csima, était un combinatoricien et professeur à McMaster University. Il a partagé avec moi sa passion de mathématiques. J’étais l’une des quatre filles (dont trois s’appelaient Barbara) dans notre équipe « math league » à l’école secondaire. J’ai trouvé Math League beaucoup plus amusant que les concours de mathématiques auxquels j’ai participé avec plus de réticence. Mon père m’a encouragée à m’inscrire à étudier à l’Université de Toronto pour le premier cycle où j’ai spécialisé en mathématique avec une majeure en sciences actuarielles. L’un de mes professeurs à l’Université de Toronto m’a encouragée à poursuivre mes études supérieures à l’Université de Chicago. Mon directeur était Robert Soare, et de lui j’ai appris beaucoup plus que la théorie de la calculabilité. Son attention à ses étudiants, à son domaine de recherche et à la communauté était inspirante. Après Chicago, j’ai fait un postdoctorat à Cornell University sous la direction de Richard Shore. Je suis très reconnaissante des heures d’instruction, des conseils mathématiques et des conseils de vie que j’ai reçus de mes mentors au fil des années et j’aspire à faire la même chose au suivant d’une manière ou d’une autre.
Il a toujours été mon objectif de retourner au Canada et en 2005, j’ai pu réaliser ce rêve. J’étais engagée à University of Waterloo en tant que professeure adjointe, et j’ai reçu le University Faculty Award du CRSNG. Peu après mon arrivée, les membres plus établis de mon département m’ont encouragée à devenir membre de la SMC. J’ai joyeusement acheté mon adhésion permanente avec mon fonds de démarrage. Malheureusement, mon domaine de recherche n’est pas très bien représenté au Canada. Sans la SMC, j’aurais été isolée; connaissant seulement mes collègues de Waterloo et ceux et celles dans mon groupe de recherche d’ailleurs dans le monde. Grâce à la SMC, j’ai eu la chance de forger des relations avec d’autres membres de notre communauté mathématique à travers le pays, ce qui a été pour moi une expérience précieuse.
La SMC fait beaucoup de choses. L’une de nos principales attractions est nos réunions semi-annuelles. Les réunions offrent une merveilleuse occasion de nous réunir et d’échanger des idées. Nous échangeons des idées sur les mathématiques, l’éducation mathématique, et l’état de la recherche mathématique dans notre pays. Mais comme toutes les grandes choses, elles ne sont pas faciles à réaliser. L’organisation d’une réunion est coûteuse. Nous aurons besoin d’accès à des salles de qualité et d’équipements audiovisuels dans les pièces qui sont près l’une de l’autre. Nous voudrons du café et des rafraîchissements. Nous voudrons jeter nos déchets dans des poubelles qui ne débordent pas. Nous voudrons un bon horaire affiché à l’avance. Nous voudrons des informations à propos des logements à proximité et le trajet pour y arriver. Pour une petite réunion, on pourrait trouver une salle libre lors d’une fin de semaine quand personne ne l’utilise. On apporte quelques biscuits et un plateau de fruit acheté de l’épicerie. On achète quelques dosettes de cafés, et les gens font une petite file pour se servir de la machine dans la salle de dîner. Personne ne saura que vous avez rempli les poubelles à ras bord un samedi. Vous êtes tous et toutes dans la même salle et tout le monde se connaissent, il n’y a donc pas besoin des badges porte-nom ou d’un horaire bien organisé. Mais c’est tout à fait différent pour une réunion de grande échelle comme celles de la SMC! Les logistiques sont compliquées et nous devons payer le personnel pour l’organiser. Nous devons faire livrer la bouffe, nous devons payer pour la location des salles et des équipements audiovisuels, ainsi que pour l’enlèvement des déchets. Mais il en vaut la peine. Il vaut la peine de pouvoir nous réunir tous et toutes, d’avoir chacun et chacune une charge organisationnelle faible parce que la SMC s’est occupée des logistiques. De pouvoir faire les annonces et la publicité pour s’assurer que tout le monde soit au courant de ce qui se passe et que les personnes dont nous ignorons l’intérêt pour l’évènement puissent nous connaître et échanger des idées avec nous. La prochaine fois que vous demandez : « Pourquoi dois-je payer des frais d’inscription quand je ne présente même pas une communication ni je n’organise des sessions; je ne fais qu’assister à quelques sessions, et manger un biscuit qu’on aurait jeté? » veuillez réfléchir à ceci : si les participants, les organisateurs et les gens qui ni présentent ni organisent ne paient pas, comment pourrait-on continuer à organiser les réunions? Certes, la SMC obtient le financement où possible, mais c’est important de garder notre indépendance de nos commanditaires pour être capable d’organiser les réunions selon nos choix.
Une autre tâche, plus visible, de la SMC est notre engagement envers la diffusion des mathématiques. Nous avons eu un grand succès avec les concours et les camps de mathématiques et le financement que nous avons obtenu de la Fondation Intact nous permet de continuer la publication en libre accès de Crux Mathematicorum. Or, exposer les jeunes canadiens des quatre coins du pays aux niveaux élevés de mathématiques demeure toujours un défi. Mes enfants fréquentent actuellement l’école primaire en Ontario. Les écoles n’organisent plus les concours mathématiques. Les mathématiques du niveau secondaire ont été décloisonnées. Bien sûr, je pourrais télécharger les matériels disponibles en ligne pour mes propres enfants et les inscrire individuellement pour des concours de mathématiques. Mais qu’en est-il pour les élèves dont les parents ne savent pas où chercher, ou n’ont pas le temps de le faire? Comment ces élèves seront-ils distingués à l’école quand l’enseignement peine à gérer les élèves de différents niveaux? En tant que communauté de mathématiciens, il nous incombe de réfléchir à des moyens d’améliorer la situation. Comment trouver une manière équitable d’atteindre l’excellence? Comment s’assurer qu’il n’est pas trop tard pour un élève de se mettre aux mathématiques sans en retenir un autre? En travaillant ensemble, j’espère que nous parviendrons à trouver des options pour les programmes que les enseignants, les parents ou d’autres parties intéressées peuvent mettre en œuvre dans leur école d’une façon gérable.
Comme je l’ai mentionné, j’ai bien apprécié mon engagement avec la SMC au fil des années, surtout la chance que cela m’offre de connaître et de travailler avec des personnes différentes de tous les coins du pays. Déjà, après avoir été nommée présidente élue à la dernière réunion à Ottawa, vous étiez nombreux à vous présenter à moi et à partager vos pensées et vos diverses préoccupations. Je me réjouis d’avance de faire davantage votre connaissance au cours des prochaines années et de travailler avec vous pour partager la beauté des mathématiques, à tous les niveaux et avec autant de personnes que possible, tout en encourageant l’excellence et les percées de pointe dans notre matière.